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L'histoire du Château de la Buzine

Les origines

Il était un vaste domaine qui s’étendait depuis Saint-Menet jusqu’aux Camoins, et sur lequel régna la famille Diodé jusqu’à la moitié du XVe siècle.

Un certain Guillaume Cabofigue fit l’acquisition en 1457 d’une majeure partie de la propriété des Diodé. Il en céda la partie sud à Guillaume Reynard. Son nom est parvenu jusqu’à nous, car ce domaine érigé en fief deux siècles et demi plus tard a reçu selon l’usage le patronyme de son premier propriétaire en devenant La Reynarde. Sur les terres restantes, cinq fois plus petites que celles de la future Buzine, se constituèrent au fil des années et des époques un ensemble de résidences et d’exploitations agricoles.

Le domaine allait passer de main en main sans changement notable jusqu'à la Révolution française.

Henry De Buzens était un écuyer noble de Marseille lorsqu’il acheta l’ensemble du domaine en 1667. La mode à l'époque était de féminiser l’appellation de sa terre à partir de son nom de famille. La propriété de De Buzens devint ainsi La Buzine. Le nom est resté jusqu'à nos jours.
Bastide provençale
Constructions typiques de l’architecture marseillaise et provençale, les bastides s’élevaient à la limite du terroir. C’étaient principalement des domaines agricoles.

À la fin du XVIIIee siècle, des boulevards et des avenues sont percés qui vont faciliter les liaisons de la ville vers le terroir. De lieux de villégiature pour leurs propriétaires, négociants ou armateurs fortunés, les bastides tendent à devenir leur résidence principale. La percée du Canal de Marseille, qui amène à la ville l’eau de la Durance, et l’apparition progressive des moyens de transports à moteur ne pourront qu’accentuer cette tendance.

On voit alors les bastides s’embourgeoiser en se parant d'éléments plus luxueux. On rivalise d’imagination jusqu’à adopter une architecture ostentatoire qui mélange des styles différents. La Buzine n’y fera pas exception. Le château présente ainsi une façade de style Louis XIII et, de l'autre côté, une façade décrite comme « romano-byzantine ».

En général, on accède à ces demeures par une allée boisée et orientée plein sud. Jardins et paysages leur servent d’écrins et sont entretenus avec le plus grand soin par les propriétaires qui font appel aux rocailleurs et paysagistes qui, grâce à l'arrivée de l'eau, y expriment tout leur art. La Buzine aura ainsi son étang pour pêcher et canoter, et une cascade donnant sur un large bassin.
La traversée des Châteaux
L’histoire de la Buzine continue pendant la Révolution

Une famille de Flotte qui était entrée en possession de la bastide, se la vit confisquer, en punition d’avoir émigré après les événements de 1789, ainsi que le firent de nombreux aristocrates de l'époque. Elle y renonça si peu que, sous le Premier empire, une descendante mit un point d'honneur à récupérer le bien de ses aïeux. Cela fut chose faite au moment de la chute de Napoléon.

Cinquante ans plus tard, en 1865, la famille de Flotte vend la Buzine à l’architecte Pierre Hilaire Curtil. C’est un bâtisseur. Avec ses grands chantiers qui emploient jusqu’à six mille ouvriers, il œuvre à la construction de deux cents immeubles, quai de la Joliette, rue de la République, place Carnot, ...).

Chez lui, il rase l'ancienne bastide et, sur ses fondations, fait ériger le château dans sa forme à peu près actuelle. A peine les travaux achevés, l’architecte vend le château de la Buzine à une riche famille d’armateurs qui ne le conserveront pas longtemps.

Plusieurs propriétaires vont se succéder à la Buzine. Parmi les nombreuses transactions signées devant notaire, l’achat par Louis-Félix Pallez à Mme Juliette Mantes, belle-sœur d'Edmond Rostand, en 1901. Le nouveau châtelain dessine et ajoute en 1906 une extension à l'aile ouest dans laquelle il installe un salon de musique. Férue de musique, la famille y donnera à la Belle Epoque de nombreuses fêtes et des concerts… Tandis que la famille Pagnol, grâce à la clé ouvrant les portes le long du canal, longeait les différents domaines pour rejoindre La Treille, où le petit Marcel s’enivrait des saveurs de ses collines…
Château de la Buzine dans les années 1900
Il a bien grandi et il est devenu un auteur à succès, du théâtre et du cinéma, lorsqu’il se met en quête d’un lieu assez vaste pour y construire ses nouveaux studios. Occupé à Paris, Marcel Pagnol confie la recherche d'un site et son achat à l'un de ses collaborateurs. Sans l’avoir seulement vu, il fait l’acquisition de tout le domaine de la Buzine le 21 juillet 1941.
C’est en y venant, au moment de l'installation, qu’il reconnaît le château dont le garde et son chien effrayaient tant sa maman et qui deviendra « Le Château de ma mère » dans le deuxième volume de ses Souvenirs d’enfance.
Son projet est ambitieux : créer à la Buzine, un véritable « Hollywood Provençal », avec plateaux, logements pour toute l’équipe, ateliers, auberge, et un espace accessible à tous autour de la culture méditerranéenne et du 7e art…
Mais il n’aboutira pas.
GUERRE ET RAVAGES
Sous l’Occupation, le château sera réquisitionné et transformé en « Maison de repos du marin allemand ». C’est le début du lent et inexorable déclin de la Buzine. À la libération, des Francs-tireurs partisans occuperont les lieux avant de céder la place à une partie de l'état-major de l'armée française.

Successivement, le château accueillera une infirmerie militaire, une compagnie de soldats, à nouveau l'armée, et même le Conseil général de… Pologne ! Un temps inoccupé, il voit des réfugiés espagnols y trouver refuge et y demeurer quelques années. Le château devient un lieu inhabitable.

Marcel Pagnol vend le domaine et ses quarante hectares en 1973 au promoteur Kaufman & Broad. Le terrain est loti : 249 villas y sont réalisées dans les années 80, qui formeront le "Parc des 7 collines". Du château, il ne reste bientôt plus qu'une ruine sans toit ni charpente qui, vandalisée, se détériore rapidement.
Son sort funeste est-il scellé ?
UNE SAUVEGARDE IN EXTREMIS
Au début des années 90, une association se crée et s’active dans le but de sauver ce qu'il reste du château à l’abandon au centre du lotissement. Quatre ans plus tard, le château de la Buzine est racheté par la Ville de Marseille. Le voici même inscrit à l'inventaire des monuments historiques, le 13 Janvier 1997.

Qu’en faire ?
RÉHABILITATION

Le projet de restauration du château de La Buzine donne lieu à un concours, lancé en 2001 par la Ville de Marseille. Le lauréat en sera le cabinet d'architecture et d'urbanisme Stern International.

« Sans être un archéologue du désir, ce projet est la rencontre intimiste qui peut se référer à son passé, mon passé. Reconnaître une filiation de vie, « d'enfants des collines » pendant la guerre, pour exprimer la concordance, la justesse des écrits que Marcel Pagnol nous a fait découvrir et partager… Nous avons tous des gènes de Marcel Pagnol ! »
 - André Stern, architecte.

La première pierre de la Maison des Cinématographies de la Méditerranée est posée le 18 janvier 2007.

La façade Sud, caractérisée par une terrasse et un double escalier donne sur le parc. Du côté Est, a été ajoutée une partie nouvelle enterrée et recouverte d'une terrasse engazonnée en amphithéâtre. Elle accueille une salle de cinéma de 345 places, avec balcon et orchestre. 

Durablement sauvé, le château de la Buzine est inauguré dans la perspective de 2013, Marseille capitale européenne de la culture. La Ville en délègue la gestion et l’animation à une association, la Cinémathèque de Marseille.

Si le cinéma reste au cœur de son activité, le château ne va plus cesser d’élargir et d’étoffer son offre culturelle en proposant spectacles, concerts, animations, expositions, rencontres, ateliers à toutes les catégories du public.

Le château de la Buzine occupe désormais une place de tout premier plan dans le paysage culturel de Marseille et d’un territoire plus vaste qui rayonne dans toute la vallée de l’Huveaune et dans les villages des collines.

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Le Mag du Château